« MAREDSOUS, UNE COMMUNAUTÉ, UN TRÉSOR », AU « TREM.A », À NAMUR, JUSQU’AU 10 SEPTEMBRE

© « TreM.a »
« L’oisiveté est ennemie de l’âme. Aussi les frères doivent-ils s’adonner à certains moments au travail manuel et à d’autres heures déterminées à la lecture de la parole divine » (Règle de Saint-Benoît)
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L’abbaye de Maredesous © Photo : Jean Luc Flemal/« Belga »
L’histoire de l’abbaye de Maredsous débute en Allemagne, où, en 1870-1871, les communautés monastiques craignent la « Kulturkampf » du chancelier Otto von Bismarck (1815-1898). C’est un jeune moine gantois, Hildebrand de Hemptinne (né Félix de Hemptinne/1849-1913), de l’abbaye bénédictine de Beuron, qui convainquit ses supérieurs de gagner Denée, dans la Vallée de la Molignée, où les moines arrivèrent le 15 octobre 1872, s’installant dans le château-ferme de la famille Desclée, la première pierre d’un monastère, à Denée, étant posée le 20 mars 1873, ce dernier étant reconnu, en 1878, comme abbaye, par le Pape Léon XIII (né Vincenzo Gioacchino Raffaele Luigi Pecci/1810-1903).
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Avec une haute tour centrale, qui ne fut jamais édifiée (anonyme) © Ph. : « TreM.a »
Fer de lance du renouveau gothique en Belgique, Jean-Baptiste Bethune (1821-1894), né à Kortrijk, formé au droit, à l’ « Université catholique de Leuven », ayant rencontré, sur le sol anglais, l’architecte néo-gothique britannique Augustus Pugin (1812-1852), en est l’architecte, lui qui cofonda, en 1851, avec le poète flamand Guido Guezelle (1830-1899), la « Société de Saint-Luc », dont l’un des objectifs était de former des architectes, dans l’esprit religieux de la tradition gothique médiévale.

« L’Eglise » (Léopold Blanchaert/1894), le Père Abbé et le Conservateur © Photo : Murielle Lecocq
A l’accueil de l’aile contemporaine du « TreM.a », nous sommes attendus par deux sculptures monumentales en bois (plus de 2 m de hauteur) , personnifications de l’Eglise (avec un calice en main) et de la Synagogue (avec un bandeau sur les yeux), oeuvres, en 1894, de Léopold Blanchaert (1832-1913), polychromées par Léon Brassers, d’après un projet de Jean-Baptiste Bethune, autrefois placées au-dessus du jubé de l’abbaye de Maredsous, qui séparait la nef du choeur de l’abbatiale.

« Synagogue » (Léopold Blanchaert/1894) © Photo : Murielle Lecocq
Un trésor d’exception nous attend à l’étage, “Plusieurs objets présentés sont des pièces utilisées régulièrement lors des célébrations religieuses quotidiennes” , nous confia le Député-Président Jean-Marc Van Espen. Ainsi, nous découvrons un exemplaire de la célèbre « Bible de Maredsous », dont l’édition originale, en 1950, a été suivie de plusieurs éditions revisitées, une édition numérique étant en cours de préparation, alors que la bibliothèque de l’abbaye est riche de plus de 400.000 volumes, dont plusieurs manuscrits, incunables et autres livres précieux. « Dans sa traduction en portugais, cette « Bible de Maredsous » est, aujourd’hui encore, très largement diffusée au Brésil », nous confia Gaylen Vankan, le consevateur en chef du « TreM.a »

« Retable de la Chapelle abbatiale » (L. Blanchaert/1877) et l’antependium des « Trois Tentations du Christ » © Photo : Murielle Lecocq
Soulignons la présence d’un fort joli « Retable de la Chapelle abbatiale », oeuvre de Léopold Blanchaert, d’après Jean Bethune, réalisée, en 1877, en bois et plâtre polychromes dorés.

« Retable de la Chapelle abbatiale » (détail/Léopold Blanchaert/1877) © Photo : Murielle Lecocq
De nombreuses anecdotes nous ont été contées par le Père Abbé Bernard Lorent, un Namurois, qui vécut à Rome, pour étudier la théologie et l’histoire, avant de devenir le recteur du « Collège Saint-Benoît » et prêtre auxiliaire dans le secteur pastoral d’Anhée.

Sur un antependium le diable tente le Christ © Photo : Murielle Lecocq
Ainsi sur l’antependium (décoratif textile), placé sous le « Retable de la Chapelle abbatiale », nous trouvons une représentation des « Trois Tentations du Christ », avec un diable chauve, carricature d’un moine de l’abbaye, Dom Germain Morin (né Léopold Frédéric Germain Morin/1861-1946), qui, ayant quitté l’abbaye de Maredsous, se rendit à l’abbaye de Saint-Boniface, à Munich, en 1907, étant délié, en 1912, pour plus de liberté de mouvements, des contraintes de ses voeux par le Pape Pie X (né Giuseppe Melchiorre Sarto/1835-1914).

La Reine Élisabeth et Dom Columba Marmion, à l’abbaye/1920. © Ph. : Abbaye de Maredsous
Parmi les objets de grande valeur, nous trouvons le « Calice dit de la Reine Élisabeth », car offert, en 1920, par cette dernière, au troisième Abbé de l’abbaye de Maredsous, Dom Columba Marmion, des médaillons émaillés faisant écho aux Saints-Patrons des membres de notre famille royale, figurant sur le pied, l’un de ces médaillons représentant Sainte-Élisabeth exerçant la charité, rappelant le souci de la Souveraine pour les plus pauvres, alors que des trèfles d’or vert rappellent les origines irlandaises de l’Abbé. Ce calice en vermeil, enrichi de dizaines de rubis, fut réalisé chez Armand Bourdon-Debruyne, à Gent, en collaboration avec « Wolfers Frères », à Bruxelles.

Les médaillons émaillés du « Calice dit de la Reine Elisabeth » © Photo : Abbaye de Maredsous
En 1923, la Reine Elisabeth de Belgique (1876-1965) revint à l’abbaye de Maredsous, pour assister au baptême du bourdon, la cloche la plus importante (6.800 kg), qui fut placée, en solitaire, dans la tour nord de l’abbaye. Ayant accepté d’en être la marraine, elle lui donna son prénom, ce « Bourdon Elisabeth » ayant été descendu et brisé, en 1944, toutes les cloches étant, alors, saisies par l’armée allemande. En 1952, un nouveau « Bourdon Elisabeth » (8.000 kg) fut coulé et installé, alors que deux petits fragments du bourdon détruit sont conservés aux archives de l’abbaye.

Baptême du bourdon Reine Elisabeth/1923 (photo hors expo) © Photo : Abbaye de Maredsous
Revenons à l’exposition, qui nous présente un autre calice, qui fut offert à l’abbaye, par le Pape Léon XIII, ces deux calices, comme bien d’autres objets liturgiques de haute valeur (ostensoirs, reliquaires, …), ne pouvant être admirés, de si prêt, qu’à l’occasion de la présente exposition, la plupart de ces objets présentés au « TreM.a » sortant pour la première fois de l’abbaye de Maredsous.

© Photo : Murielle Lecocq

© Photo : Murielle Lecocq
A noter que, fort malheureusement, suite au deuxième Concile œcuménique du Vatican (1962-1965), certaines destructions durent être entreprises, alors que ces éléments auraient pu être conservées dans des réserves ou confiés à des Musées. Ainsi une Vierge en bois fut récupérée au dernier moment, alors qu’elle allait alimenter le … four à pain de l’abbaye.

© Photo : Murielle Lecocq
Une salle est consacrée à une mission importante de l’abbaye de Maredsous : participer à l’éducation, grâce à une école destinée aux enfants démunis, où serait enseignées la menuiserie, la plomberie et la cordonnerie, qui s’ouvrit, en 1903, avec … 9 étudiants, sous l’initiative de l’abbé Dom Hidebrand de Hempinne.
Le succès étant fulgurant, deux nouvelles ailes latérales sont construites, permettant l’ouverture de nouveaux ateliers. La fermeture de cette école fut, néanmoins, envisagée, la première Guerre mondiale ayant freiné tout développement.
L’étonnante aventure de Joseph Gillain, plus communément appelé « Jijé » (photo hors expo)
En 1919, l‘Abbé, Dom Célestin Golenvaux (1870-1952), assura la survie de cette école, devenue « Ecole des Métiers d’Art », transférée à Namur, en 1964, où les cours sont toujours dispensés, dans les locaux de l’ « IATA » (« Institut d’Enseignement des Arts, Techniques, sciences et Artisanats »).
A l’origine, formant des artisans, un nouveau tournant avait été pris sous le directorat du Père Anselme Gendebien, qui décida de former des artistes, dont Joseph Gilain (1914-1980), plus connu sous le nom de « Jijé », l’un des tous grands noms de la bande dessinée belge, avec sa reprise des « Aventures de Spirou » (1940-1951), ses créations de « Jean Valhardi » (1941-1965) & « Jerry Spring » (1954-1977), …, ainsi que de plusieurs biographies, dont « Don Bosco, Ami des Jeunes » (1941-1942) & « Charles de Foucauld » (1959), « Jijé » ayant été le lauréat, en 1977, du « Grand Prix de la Ville d’Angoulême ».
Dom Columba Marmion (1858-1923), béatifié, en 2000, par Jean-Paul II
Quand à la dernière salle, elle est consacrée au Bienheureux Dom Columba Marmion (né Joseph Marmion/1858-1923), béatifié, en 2000 , par le Pape Jean Paul II (né Karol Józef Wojtyła/1920-2005), dont nous fêtons, cette année, le centenaire de son décès. Ayant étudié la philosophie à l’ « Université de Dublin », avant de poursuivre ses études de théologie, à Rome – où il est ordonné prêtre, en 1881 -, il entre, en 1886, à l’abbaye de Maredsous, y étant élu Abbé, treize ans plus tard.

Croix pectorale de Dom Columba Marmion © Photo : Murielle Lecocq
Dom Columba Marmion – né en Irlande, d’une mère française, Heminie Cordier, et d’un père irlandais, William Marmion – ayant été professeur au « Séminaire de Clonliffe », à Dublin, rédigea trois traités de spiritualité, traduits en une douzaine de langues, plusieurs objets lui ayant appartenu étant exposés au « TreM.a ».

Trône et Armoiries de l’abbaye de Maredsous © Photo : Murielle Lecocq
Si, au début des années 1950, pas moins de 136 moines y résidaient, aujourd’hui, une vingtaine de moines résident encore à l’abbaye, quelques 200 personnes participant à la vie de ce monastère, qui attire, chaque année, pas moins de 600.000 visiteurs, désireux de (re)découvrir ce joyau néo-gothique, certains pour assister aux diverses manifestations qui y sont organisées, d’autres pour jouir des nombreux plaisirs offerts par l’abbaye de Maredsous, au nombre desquels son pain, son fromage et sa bière, des plus réputées.

L’actuelle communauté monastique/2023 © Photo : Abbaye de Maredsous
Ouverture de l’exposition : jusqu’au dimanche 20 août, du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Prix d’entrée à l’exposition (incluant l’accès aux collections permanentes) : 5€ (2€50, dès 60 ans, pour les étudiants et les membres d’un groupe de minimum 10 personnes / 1€, par élève, en groupes scolaires / 0€, pour les moins de 12 ans, les enseignants, les détenteurs du « MuseumPassMusées » & les « Art. 27 »). Contacts : 081/77.67.54 & musee.arts.anciens@provice.namur.be. Site web : https://www.museedesartsanciens.be/.

© « TreM.a »
- Activités programmées autour de l’exposition :
*** Midis du Musée : Lunch Maredsous (12h) et Visites guidées (13h), le samedi 12, le mercredi 16 & le samedi 26 :
Offrons nous un moment de douceur, dans le jardin du Musée, avec une dégustation de bières, fromages et charcuteries de l’abbaye, avant de profiter d’une visite guidée de l’exposition.
Une dégustation bienvenue © Photo : Abbaye de Maredsous
Soulignons qu’à l’occasion du 75è annivesaire de la bière de Maredsous, une toute nouvelle microbrasserie a vu le jour, en collaboration avec la « Brasserie Duvel Moortgat », la « Maredsous Extra », créée en 2017, ne pouvant être dégustées, avec modération, bien sûr, qu’au sein de l’abbaye, au « Centre d’Accueil Saint-joseph », ouvert du lundi au jeudi, de 11h à 19h, le vendredi, de 11h à 22h, le samedi & le dimanche, de 10h à 22h.

Détente, après une visite de l’abbaye © Photo : Abbaye de Maredsous
Ainsi le Père Abbé écrivit : « En 1947, au lendemain de la guerre, les pèlerins étaient nombreux à se rendre en train à Maredsous. Lorsqu’ils arrivaient à l’abbaye, ils avaient soif. Ainsi, un moine proposa de créer, au sein de l’abbaye, un lieu pour les accueillir. C’est comme ça qu’une ‘blonde’, la ‘Maredsous 6’ vit le jour, une variante ‘brune’ ayant une teneur en alcool de 8%, alors que les moines créèrent, en 1990, une ‘Triple’ , d’une teneur en alcool de 10%. »
« A l’origine, les moines souhaitaient brasser eux même leurs bières, mais une loi interdisait l’installation d’une brasserie à moins de 800 mètres d’une école. Or, ici, il y en avait deux. La ‘Maredsous 6’, dont les moines créèrent la recette, fut, dès lors, brassée à l’extérieur. »

© Abbaye de Maredsous
Prix combiné (lunch et visite guidée), les 12, 16 et 26 août, dès 12h, au « TreM.a » : 15€. Réservations obligatoires : musee.arts.anciens@province.namur.be & 081/77.67.54.
*** Atelier pour les enfants (6 à 12 ans), accompagnés d’adultes, le samedi 19 août, de 14h à 16h30 :

Enluminures de la « Bible de Maredsous » © Photo : « TreM.a »
En s’amusant, les enfants découvriront quelques-uns des trésors que l’abbaye de Maredsous recèle ! Ce sera l’occasion de tester diverses techniques avec nos enfants, petits-enfants, neveux, nièces, … : l’orfèvrerie, avec un atelier de métal à repousser et l’enluminure à la feuille d’or, … ceci autour d’un bon goûter estampillé abbaye de Maredsous !
Prix pour les enfants : gratuit (entrée à l’exposition incluse). Prix pour les accompagnateurs : tarif d’entrée à l’exposition (sans supplément). Réservations obligatoires : mediation.trema@province.namur.be & 081/77.67.54
*** Défilé-Conférence de Vêtements liturgiques, le samedi 26 août, à 18h30, en l’église Saint-Joseph (rue de Fer, face au Musée)
Vert, violet, rose, blanc, noir, … les habits (dalmatiques, chasubles, chapes et autres étoles) qu’arborent les ecclésiastiques lors de la célébration du culte fascinent et intriguent par la grande variété colorée qu’ils affichent. Quelles significations revêtent ces couleurs ? En quelles occasions sont-elles portées ? Quand ces codes ont-ils été établis ?

Vêtement liturgique © Photo : Murielle Lecocq
Ce sont autant de questions et d’éléments relatifs à la symbolique des couleurs liturgiques, que nous pourrons décrypter à l’occasion d’un défilé exceptionnel, qui nous permettra de découvrir quelques-unes des plus belles pièces de paramentique qu’abrite l’abbaye de Maredsous.

Vert, violet, rose, blanc, noir, … toutes les couleurs liturgiques © Photo : Abbaye de Maredsous
… Et il se dit, amis namurois, que le Député-Président serait l’un des mannequins, aux côtés du Père-Abbé, … une raison de plus de ne pas manquer cet événement, … sachant que les places sont limitées.
Prix d’entrée à l’église Saint-Joseph : 10€. Réservations obligatoires : musee.arts.anciens@province.namur.be & 081/77.67.
* La visite de cette exceptionnelle exposition peut se compléter par une (re)découvertes des collections permanentes : le « Trésor d’Oignies », du frère Hugo (1178- 1240) et de son atelier, un joyau d’orfèvrerie du XIIIè siècle, les 32 pièces qui le composent ayant été classées, en 2010, comme « Trésor de la Communauté française » ; les sculptures du XIIè au XVIè siècle, exposées au 1er étage, fraîchement rénové, du bâtiment historique, l’ « Hôtel de Maître de Gaiffier d’Hestroy et de Tamison », édifié vers 1730-1745 ; ainsi que quelques peintures du paysagiste mosan, né à Bouvignes, Henri Bles (vers 1500-après 1550), dont une onzième oeuvre, « Paysage montagneux avec Scènes de la Vie de Saint Jean-Baptiste », vient d’être acquise, à Cologne, par la Province de Namur.

« Trésor d’Hugo d’Oignies » © Photo : « TreM.a »

Sculptures du XIIè au XVIè siècle, au sein d’un 1er étage rénové © Photo : « TreM.a »

Gaylen Van Kan, Julien De Vos & Jean-Marc Van Espen encadrant la nouvelle acquisition d’une toile d’Henri Bles © Photo : « TreM.a »
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« Paysage montagneux avec Scènes de la Vie de Saint Jean-Baptiste » (Henri Bles) © Photo : « TreM.a »
Voici, assurément, de nombreuses raisons de nous rendre au « TreM.a » d’ici le dimanche 20 août.
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