« COLLECTIONNEUSES ROTHSCHILD. MÉCÈNES ET DONATRICES D’EXCEPTION », À « LA BOVERIE », À LIÈGE, JUSQU’AU 26 FÉVRIER

Portrait de la baronne Nathaniel de Rothschild (Ary Scheffer) © Photo : Gaëlle Deleflie
Après « En plein Air », en 2016, et « Viva Roma ! », en 2018, un nouveau partenariat de « La Boverie » , à Liège, avec le « Musée du Louvre », à Paris, nous emmène, sur un parcours de plus de 2.000 m2, dans l’univers de la famille Rothschild, sous le titre « Collectionneuses Rothschild. Mécènes et Donatrices d’Exception », une intéressante exposition, à la scénographie particulièrement soignée, accessible jusqu’au dimanche 26 février.
© Photo : Igor Pliner
Depuis le XIXè siècle, le nom des Rothschild évoque avant tout l’exceptionnelle prospérité d’une lignée de banquiers. Au fil du temps,
cette dynastie est également devenue synonyme de richesse intellectuelle et artistique. La famille a, en effet, accumulé un patrimoine artistique considérable et procédé à des dons et legs estimés à plus de 130.000 pièces aux seules institutions françaises. Derrière ce nom de famille illustre se cachent donc des personnalités relativement méconnues et un patrimoine insoupçonné.
© Photo : Igor Pliner
Originaire de Francfort, depuis le XVIè siècle, le nom des Rothschild est connu dans toute l’Europe, cinq branches de cette illustre famille juive de financiers étant implantées depuis le début du XIXè siècle, en Allemagne, en Autriche, en France, en Italie et au
Royaume-Uni.
© Photo : Igor Pliner
Ignorées par l’histoire de l’art, ces neuf femmes d’exception (Adèle, Alice, Alix, Béatrice, Cécile, Charlotte, Liliane, Mathilde & Thérèse), à la personnalité singulière, bâtisseuses, collectionneuses, mécènes, qui rassemblèrent des collections d’œuvres d’art remarquables, bâti des palais et fait sortir de l’ombre des jeunes artistes, aujourd’hui reconnus internationalement. Bien souvent absentes de l’historiographie, elles ont contribué de manière significative à la valorisation et à la transmission de leur patrimoine, ainsi qu’à l’enrichissement des collections des musées français.
Charlotte, Adèle, Béatrice, Mathilde, Alice, Thérèse, Liliane et Cécile de Rothschild. Q
© Photo : Igor Pliner
Depuis le XIXè siècle, la famille Rothschild est légendaire dans l’histoire de nos sociétés. Cette dynastie est devenue, au fil du temps, un synonyme de la réussite dans le monde de la finance, mais aussi dans celui la rich esse artistique et intellectuelle. Derrière ce nom de famille réputé se cache des personnalités méconnues et un patrimoine insoupçonné.
© Photo : Igor Pliner
Parfois très indépendantes, parfois dans l’ombre de leur mari, elles ont joué, avec goût et personnalité, un rôle important dans l’histoire de l’art, du patrimoine historique, de la société et même dans la vie des artistes de leur époque.
« Les Baigneurs »/1890 (Paul Cézanne) © Collection particulière © Photo : Gérald Micheels
Si nous pouvons admirer des oeuvres d’artistes réputés, tels que Georges Braque (1882-1963), Alexander Calder (1898-1976), Paul Cézanne (1839-1906), Jean Siméon Chardin (1699-1779), Camille Claudel (1864-1943), Eugène Delacroix (1798-1863), Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), Fernand Léger (1881-1955), Pablo Picasso (1881-1973), Auguste Rodin (1840-1917) et Egon Schiele (1890-1918), ainsi que des tableaux de la Renaissance italienne, nous découvrons, aussi, des bijoux de haute valeur, des coffrets, des porcelaines chinoises, des objets d’Arts Premiers africains ou venus d’Extrême-Orient, voire d’Amérique latine, sans oublier des instruments de musique, des objets de cultes, d’étonnants petits crânes, des « kriss » indonésiens et une impressionnante collection de pipes de toutes tailles.
© Photo : Igor Pliner
Cette exposition nous présente un parcours constitué de plus de 350 œuvres. De toutes époques et tous horizons, elles sont issues d’une quarantaine d’institutions et de collections privées.
Notre visite s’articule autour d’un patio central fleuri, qui évoque l’univers enchanteur des jardins et villas, créé à l’initiative de plusieurs des “baronnes Rothschild”.
Patio central fleuri et arbre généalogique © Photo : Igor Pliner
Ainsi, Béatrice de Rothschild (1864-1934) ayant découvert la presqu’île du Cap Ferrat, elle y fit construire sa “Villa Ephrussi”, un merveilleux palais de style Renaissance, aux allures vénitiennes, le léguant, à sa mort, avec ses jardins, son mobilier et ses collections à l’ « Académie des Beaux-Arts de France », en souvenir de son père, qui en était membre, le testament de Béatrice stipulant sa volonté de conserver ses collections dans la maison-musée du Cap-Ferrat, dont un accueillant salon est reconstitué à La Boverie, soulignant la superbe scénographie de cette exposition.
Villa Ephrussi, à Saint-Jean-Cap Frenet © Photo : Igor Pliner
Salon reconstitué, à « La Boverie » © Photo : Igor Pliner
De son côté, Alice de Rothschild (1847-1922), de santé fragile, se rendait souvent sur la Côte d’Azur. Séjournant à Grasse, en 1887, elle se laisse séduire par la région, y faisant construire sa « Villa Victoria ». Son cousin et héritier, Edmond de Rothschild (1845-1934), légua, en 1927, à la Ville de Grasse, cette incroyable collection, constituée par sa cousine, de 407 pipes et de … boîtes d’allumettes, ces pipes, de tous formats, en bois, céramique, fer, ivoire ou porcelaine, créées entres les XVIIè au XXè siècles, certaines provenant de la vente, en 1897, des frères Edmond de Goncourt (1822-1896) et Jules de Goncourt (1830-1870).
Une superbe scénographie © Photo : Igor Pliner
Nathaniel de Rothschild (1812-1870), quant à elle, témoignant de ses goûts raffinés, a légué quelques instruments de musique de la Renaissance, tel un luth à 6 cordes, en palissandre et ivoire, réalisé à Venise, par Moïse Tiffenbrücker, ainsi qu’une précieuse collection d’objets de culte juif, telle une coupe de circoncision d’argent doré, créée à Padoue, au XVIIè siècle, sans oublier des coffrets, des bijoux de haute valeur, ainsi que des sculptures de Camille Claudel & Auguste Rodin.
Sculptures de Camille Claudel et Auguste Rodin © Photo : Igor Pliner
Coffrets de Nathaniel de Rothschild © Photo : Igor Pliner
En 1895, Henri de Rothschild (1872-1947) épouse Mathilde de Weisweiller (1874-1926), qui, infirmière durant la Première Guerre Mondiale, reçut la Légion d’Honneur, son testament -sous le nom de Mathilde de Rothschild, ayant révélé sa passion de collectionneuse “macabre” de « Memento mori », des têtes de morts miniatures, qu’elle prenait plaisir à collectionner, qui, léguées au « Musée des Arts décoratifs », à Paris, sont à découvrir, jusqu’au dimanche 26 février, au « Musée de la Boverie ».

© Photo : Igor Pliner
© Photo : Igor Pliner
L’une des de Rothschild, Adèle (1843 -1922) n’était pas collectionneuse. Veuve de … son cousin, Salomon Mayer von Rothschild (1774-1855), décédé à 29 ans, elle hérita, de son mari, de sa collection de porcelaines chinoises et de peintures de la Renaissance. Ayant acquis une luxueuse propriété parisienne, « La Folie Beaujon », elle y conçut une salle des curiosités à la mémoire de son défunt époux. Décédée en 1922, elle légua ce bâtiment à l’État français, en spécifiant, dans son testament, que la salle des curiosités devait demeurer intacte. En accord avec ses valeurs, cet « Hôtel particulier Salomon de Rothschild », devint la « Fondation des Artistes », qui, toujours active au XXIè sècle, continue à soutenir la création artistique contemporaine.
Cabinet de curiosités d’Adèle Rothschild © Photo : Igor Pliner
Cabinet de curiosités d’Adèle Rothschild © Photo : Igor Pliner
Villa Salomon et son cabinet de curiosités, à Paris © Photo : Igor Pliner
Alix de Rothschild (1847-1922) soutint les artistes juifs, ayant suivi de près la scène des arts contemporains, faisant partie, notamment, à Paris, des « Amis du Musée d’Art moderne » et du « Musée de l’Homme », ainsi qu’à Jérusalem, du « Musée d’Israël ». Sa collection, dispersée à son décès, réunissait plus de 2.000 œuvres d’art moderne et contemporain, d’une « Nature morte », de Paul Cézanne, à un masque de l’ethnie Gouro, en Côte d’Ivoire, en passant par des vêtements et parures de Palestine, du début du XXè siècle. Prouvant ses goûts éclectiques, ainsi que son intérêt pour les Arts Premiers et le Proche-Orient, elle fit don, à Paris, de sa collection d’objets ethnographiques et folkloriques, au « Musée de l’Homme » et au « Musée des Arts et Traditions populaires ».
Vêtements et accessoires palestiniens d’Alix de Rothschild © Photo : Igor Pliner
Aproximité de ces objets et instruments, nous découvrons des aquarelles, réalisées, au cours de ses voyages, par Charlotte de Rothschild (1825-1899), co-fondatrice de la « Société des Aquarellistes français ». À la mort de son mari, elle hérite de sa collection de tableaux français et hollandais, qu’elle enrichit de peintures de la Renaissance, du XVIIIè siècle et d’artistes de son époque. Du XVè siècle, citons la « La Vierge et l’Enfant au Chardonneret », chef-d’oeuvre attribué au Maître de la Nativité de Castello (vers 1450), ainsi que « La Laitière », de Jean-Baptiste Greuze ( 1725 -1805), léguées au « Louvre », à son décès.

« La Vierge et l’Enfant au Chardonneret »/vers 1450 (Maître de la Nativité di Castello) © « Musée du Louvre »
« La Laitière » (Jean-Baptiste Greuze) © « Musée du Louvre »
A proximité de ces objets et instruments, nous découvrons des aquarelles, réalisées, au cours de ses voyages, par Charlotte de Rothschild (1825-1899), co-fondatrice de la « Société des Aquarellistes français ». À la mort de son mari, elle hérite de sa collection de tableaux français et hollandais, qu’elle enrichit de peintures de la Renaissance, du XVIIIè siècle et d’artistes de son époque. Du XVè siècle, citons la « La Vierge et l’Enfant au Chardonneret », chef-d’oeuvre attribué au Maître de la Nativité de Castello (vers 1450), ainsi que « La Laitière », de Jean-Baptiste Greuze ( 1725 -1805), léguées au « Louvre », à son décès.
Catalogues, en vente à la boutique du musée © Photo : Igor Pliner
© « La Boverie »/Ville de Liège
A noter que le commissariat de l’expo liégeoise « Collectionneuses Rothschild. Mécènes et Donatrices d’Exception » est assuré par Fanny Moens, conservatrice de « La Boverie », Vincent Pomarède, conseiller spécial auprès de la présidente-directrice du « Musée du Louvre », et Pauline Prevost-Marcilhacy, docteur en histoire de l’art, maître de conférences à l’ « Université de Lille », spécialiste des collections de la famille Rothschild.
« La Boverie » © « Liège Tourisme »
Ouverture : jusqu’au dimanche 26 février, du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Billetterie : billetterie@laboverie.com. Carnet du Visiteur : offert. Catalogue : en vente à la boutique du musée. Contacts : info@laboverie.com & 04/221.68.32. Site web : http://www.laboverie.com.
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